APRE COEUR, JENNY ZHANG



Elles ont 7 ou 9 ans à New York. Elles s’appellent Christina, Lucy, Frangie ou Annie… Elles partagent des lits à punaises et des parents chinois qui luttent chaque jour pour les nourrir, leur payer l’école et les faire grandir dans le rêve américain. C’est leurs voix qui nous parlent, spontanées, crues, bouleversantes, elles racontent une enfance dans les marges, le racisme et la violence quotidienne, et l’amour immense des parents qui les protège et les étouffe. C’est ainsi qu’elles apprennent à sortir de l’enfance avec une audace et une soif de vivre qui éclatent à chaque page.

APRE COEUR
JENNY ZHANG
ÉDITIONS PICQUIER
JANVIER 2018
USA, IMMIGRATION, SOCIÉTÉ, CHINE




Familles projetées à un nouveau pays. Enfants bourlingués entre les rues, les appartements. Ils viennent de Chine, se sont installés aux Etats-Unis, à l’espoir d’une vie meilleure, à la volonté de s’en sortir. 

Croire au rêve américain.
Ne pas se soucier de l’infâme, aller au devant.

Le roman se tisse à travers le prisme d’un regard enfantin. De plusieurs marmots qui viennent s'additionner à la première parole. Tous sont issus de l’immigration, tous ont à supporter les appartements trop petits, les brimades, et leurs parents qui les exhortent à ne plus se plaindre. Savoir se satisfaire de ce qu’ils ont. Si la figure parentale s’échine à montrer les bienfaits de ce nouveau pays, les enfants voient, montrent, et quémandent des réponses. Eux ne savent se satisfaire du peu offert. Car ils ont conscience, savent que la misère continue à chaque coin de rue, à chaque domicile que le père grappille misérablement. 

Loin du pathos, et des larmes qui viennent souvent enrober ces récits où se croisent racisme, misère et enfance, on plonge à une cruauté qui s’extirpe des lippes enfantines. Pas le temps de pleurer, de s'apitoyer, il faut avancer. Et les rares qui versent une larme sont calmés d’une torgnole, d’une parole raciste, puis ils répliquent, ne se laissent pas piétiner. Une violence physique. Une violence verbale. Un langage cru servi par une plume qui scalpe, noire, qui ne laisse entrevoir que l’ignoble vérité de leur condition. 

Malgré le malheur, les cafards qui pullulent dans les appartements, et les copines haineuses ; les coeurs tambourinent, cherchent l’évasion de la cage thoracique, de la cage familiale. Ces gamins ont la volonté de s'enfuir, s'arracher au carcan miséreux. 

Une fuite en avant, une narration qui cravache. Un récit qui bouleverse, offre sourires et ricanements. Première lecture de l'année, et première pépite. 

1 commentaire:

  1. Le roman a l'air dur, mais c'est du Picquier et je leur fais confiance les yeux fermés d'autant que ton avis va dans ce sens...

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