LA TÊTE SOUS L'EAU, OLIVIER ADAM



Quand mon père est ressorti du commissariat, il avait l'air perdu. Il m'a pris dans ses bras et s'est mis à pleurer. Un court instant j'ai pensé : ça y est, on y est. Léa est morte. Puis il s'est écarté et j'ai vu un putain de sourire se former sur son visage. Les mots avaient du mal à sortir. Il a fini par balbutier : " On l'a retrouvée. Merde alors. On l'a retrouvée. C'en est fini de ce cauchemar. "Il se trompait. Ma soeur serait bientôt de retour mais nous n'en avions pas terminé.

LA TÊTE SOUS L'EAU
OLIVIER ADAM
ROBERT LAFFONT / COLLECTION R
23 AOUT 2018
FRANCE, LGBT, TRAUMA



Olivier Adam. Un auteur découvert (comme beaucoup je pense) via le film tiré de son livre : Je vais bien ne t'en fait pas. Un auteur souvent boudé des médias. Voila qu'il s'invite en jeunesse, propose un roman pour adolescents. Ma curiosité l'a emporté.

Une disparition. Une famille qui se morcèle, tente de survivre à la pièce manquante. Apnée. Déchirement que l’on suit aux travers des yeux et pensées d’Antoine, le frère, quinze ans. Incompréhension envers cette soeur disparue. Fugue ou enlèvement ? Les questions tourbillonnent, assaillent son crâne sans jamais lui laisser la paix de quelques minutes. Comment. Pourquoi. Qui. Aurait-il pu faire quelque chose ? Que n’ont-ils pas vus ? Une plongée au coeur d'une famille craquelée.

Le deuil est avorté quand Léa est retrouvée.  Jeune fille retournant à la surface de la vie. Muette de ce qui lui est arrivée. Les séquelles enfouies au profond du cortex. La peur de s’exprimer mais la joie d’avoir retrouvé ses parents. Comme Antoine, on voudrait comprendre, la secouer, lui dire de cracher l’enfer qu’elle a vécu. Rien. Olivier Adam offre un portrait juste d’une jeune fille traumatisée, d’une victime qui doit apprendre à se reconstruire. Apprendre à vivre avec un passif noir. Ne pas se défaire de l’ignoble mais parvenir à s’en servir. Resilience que Léa doit faire surgir.

La victime, ce n’est pas seulement Léa, c’est également toute la famille. Morcelée. Fracturée. Des liens familiaux qu’il faut à nouveau tisser. Et surtout, apprendre à vivre avec Léa, savoir lui parler, savoir quels gestes avoir.

On s'immisce à travers l’histoire de Léa via des lettres, un désespoir qui gravit crescendo.

D’une plume fluide et empreint de mélancolie, le roman s’absorbe aisément. Toutefois, j’en ressors avec un avis mitigé. Je n’ai pas détesté la lecture, je ne l’ai pas apprécié non plus. La faute, peut-être, à mon manque d’empathie envers les personnages, un désintérêt pour le sort de Léa et cette famille en morceaux. Cependant, je reconnais la qualité du récit, la justesse des mots. D’Olivier Adam, j’en ai préféré son avant dernier livre (Chanson de la ville silencieuse), une errance magnifique.


4 commentaires:

  1. Je ne suis pas certaine d'être tentée même si la qualité du récit et le choix des mots que tu mets en avant pourraient me plaire...

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    1. le thème est assez particulier (de base, ça ne m'intéresse pas). mais les mots d'Olivier Adam sont superbes.

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  2. Une lecture mitigée, bien sans être exceptionnelle au final. Je suis assez d'accord !

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    1. exactement.
      je suis curieuse de le lire pour d'autres romans ado.

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