PREMIÉRES LIGNES #.14 ׀׀ LA ROUILLE, ERIC RICHER


Le principe : chaque dimanche, je pioche un livre dans ma bibliothèque, au hasard. Et je vous en fait découvrir les premières lignes - ou plutôt le premier paragraphe, parfois la première page. Ce rendez-vous est une idée de (MA LECTUROTHÈQUE).

LA ROUILLE
ÉRIC RICHER
ÉDITIONS DE L'OGRE
AOUT 2018
APPRENTISSAGE,  ENFANCE

Le chien mordait le bitume.
Il écumait.
La bave sinuait entre les billes de grésil, qu'i balaya de ses pattes avant. L'arrière-train tentait vainement de se relever, par à-coups, bipède autonome fuyant l'amok en train de gangrener le reste du corps, affalé sur le côté. 
- Lupus ! Lupus ! cria Nói en s'approchant. Viens là, viens ! Viens manger...
Les mots avaient fusé comme ça, sans réflexion aucune, pour entrevoir une étincelle de raison dans les yeux de l'animal. Le garçon ne vit que le blanc laiteux des globes révulsés. Les canines rayaient l'asphalte. Museau mousseux, cramoisi.
Nói enjamba le chien par l'arrière pour ne pas se faire mordre. Des larmes de givre désagrégé collaient à son visage. Des filets de bile balafraient le bas de son pyjama et ses pieds nus.
- Papa ! Papa appela le garçon, quand il aperçut le grand-père claudiquer sous le cône pale de l'ampoule du garage. 
Zlj s'avança vers l'animal. Le laissa s'arc-bouter contre ses jambes, s'accroupit et le saisit sous la gueule par la peau flasque du cou pour le retourner face à lui. Le vieil homme fixa le chien, longuement, comme s'il sondait la conscience de l'animal à travers ses pupilles. 

Un roman acheté lors de la rentrée littéraire, qui attend encore sagement dans la bibliothèque. Un roman qui représente mes thèmes favoris : enfance, chrysalide enfantine qu'il faut briser, apprentissage, noirceur des propos et du monde environnant.

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